L’horrible assassinat de Samuel Paty nous rappelle l’ampleur et la difficulté de la mission qui incombe aux enseignants de nos jours. En apprenant aux élèves à débattre, à ne pas prendre pour argent comptant tous les discours ou écrits idéologiques, aux images et à accepter la contradiction pour se forger leurs propres opinions, ils sont dans leur rôle de promoteurs des valeurs de la République. Samuel Paty, pour qui la foi est une possibilité à défendre et non une obligation à imposer, voulait faire saisir le sens et la pertinence de la loi républicaine qui garantit à chacun la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire. Il voulait faire comprendre que la foi ne peut avoir la prétention de museler la liberté de penser. Le savoir en est le gage et le moyen ; il se heurte à l’obscurantisme, au sectarisme, voies du barbarisme. Ce n’est pas pour rien que le fanatisme, le despotisme s’en prennent en priorité à l’éducation, à la culture, aux loisirs. Depuis des millénaires on a brulé des livres et des gens au nom de la religion ou d’une idéologie, éliminé des intellectuels, des journalistes.

Dans notre République toutes les religions sont égales et il ne faudrait pas que cette abomination entraîne la mise au ban des musulmans. C’est avec eux et non contre eux qu’il faut réagir. Je les invite à se manifester, à exprimer leur opinion.

Le métier d’enseignant est le plus beau qui soit ; un professeur façonne les esprits, les ouvre sur les autres, sur le monde qu’ils auront à affronter, qui en donne les outils pour y trouver sa place, pour le changer peut-être. Ne disait-on pas autrefois qu’étudier, c’était faire ses « humanités » ?

Hommage soit rendu à Samuel PATY, et soutien à ses proches, à ses collègues, à ses élèves.

Annie Jouan,

Secrétaire Générale UFR Police.