Selon une étude de l’Insee, les jeunes de 10 à 24 ans représentent 36 % des auteurs présumés d’infractions, bien qu’ils ne constituent que 21 % de la population de 10 ans et plus. Un rapport sénatorial indique une stabilité globale du nombre de mineurs impliqués par les forces de sécurité de 2016 à 2019. Entre 2019 et 2021, la délinquance des mineurs a diminué d’environ 10 %. Depuis 2000, le nombre d’affaires impliquant des mineurs reste stable, entre 3 et 4 % du total des affaires traitées. Malgré cela, il est important de noter que, depuis 2006, le nombre d’affaires pénales impliquant des mineurs a atteint son plus bas niveau en 2019 (169 648 affaires). En 2020, 32 300 condamnations définitives ont été prononcées à l’encontre de mineurs, soit 25 % de moins qu’en 2019. Toutefois, cela ne reflète qu’une évolution concernant l’aspect quantitatif de la délinquance juvénile. Depuis les « Apaches » des années 1900, se sont succédé les « J3 » de l’après-guerre, suivis par les « Blousons noirs » des années 1950. Ces mouvements ont eu en commun de constituer des phénomènes de regroupement en bandes usant d’une violence collective légitimée par des considérations géographiques, puis historico-politiques et, finalement, générationnelles. Après une accalmie relative, consécutive à une certaine réussite de la police de proximité, ces regroupements en bandes se font maintenant dans le cadre d’un substrat complexe, mélange de recherche d’identité nationale ou religieuse, renforcé par la nécessité de protéger une économie territoriale fondée sur le commerce de la drogue, et favorisé par la facilité à se procurer des armes, par l’existence de réseaux sociaux incontrôlés et par l’effondrement du sens social. Dans tous ces cas, hier comme aujourd’hui, le passage obligé était l’usage d’une violence qui autrefois passait plus inaperçue du fait de l’inexistence des médias en continu. La montée en puissance de la violence apparaît systématiquement liée à une formation en bande, quel qu’en soit le « ciment ». La solution doit donc passer par la remise en place d’une police de proximité dégagée de la politique du « tout-répressif », veillant à disloquer toute bande naissante. Il est également essentiel de tenir compte des relations des jeunes avec ces espaces et de développer de nouvelles méthodes pour leur faire accepter la présence de représentants des institutions éducatives et policières. Face à la délinquance, la mise en place d’une « police de quartier » est cruciale. Malheureusement, malgré ses avantages, le manque de moyens a contribué à l’échec relatif de cette approche, aggravé par la suppression de commissariats dans des zones jugées non rentables en termes de criminalité. Pour rétablir la confiance entre policiers et citoyens, il est essentiel d’instaurer une force de police proche de la communauté, en contact permanent avec les habitants, acteurs associatifs et économiques. Cela constitue la base d’une véritable politique de sécurité publique.
Anthony Caillé Secrétaire général CGT Intérieur-Police Tweet