La CGT-Police consulte madame Marion Fareng, docteure en psychologie, spécialisée dans les psychotrauma sur la question des risques de traumatismes dans la police.

Éléments biographiques:
Marion Fareng, docteur en psychologie – spécialisée dans le psychotrauma depuis 10 ans et la prise en charge des victimes de violences. 
Thèse sur l’efficacité de la prise en charge hypnothérapeutique dans les troubles psychotraumatiques.
Formatrice auprès de psychologues, psychiatres et médecins dans la prise en charge du psychotrauma.
Publications récentes : Fareng, M. (2017). Prise en charge d’un traumatisme complexe, In 15 situations cliniques en hypnothérapie, Bioy, A. Paris : Dunod.
Fareng, M. & Chakkouche, W. (2016). Les techniques de gestion émotionnelle, In L’aide mémoire de psychotraumatologie, Sabouraud, A. & Lopez, G. Paris : Dunod


« A retenir :  »

1)     Le trauma vicariant, définition :  

Il se définit comme  « des changements profonds subis par le travailleur qui établit des rapports d’empathie avec les survivants de traumatismes et est exposé à leurs expériences ». Ces modifications concernent son cadre de référence interne, c’est-à-dire, ses valeurs, ses croyances et convictions sur le monde[1]. « Du fait qu’il est exposé à la réalité de la cruauté d’êtres humains envers d’autres êtres humains, le travailleur devient vulnérable, de par son empathie, aux effets émotionnels ». Ce type de traumatisme concerne principalement les métiers tels que les policiers, les pompiers, les infirmières etc…

 2)     Les symptômes :  

  • Le travailleur développe les mêmes symptômes que les victimes qu’ils assistent, à savoir ceux du trouble de stress post-traumatique [2]:
  • Des reviviscences: Souvenirs répétitifs et envahissants de l’événement, Cauchemars, Flashbacks, Détresse ou réactivité physiologique lors de l’exposition à des stimuli associés à l’événement traumatique ;
  • Une hyper activation du système nerveux: Irritabilité ou excès de colère, Comportement imprudent ou autodestructeur, Hyper vigilance, Sursauts, Difficultés de concentration, Troubles du sommeil ;
  • De l’évitement: Évitement des souvenirs, pensées et sentiments liés au trauma, Évitement des éléments (personnes, lieux, activités, objets, situations) rappelant le trauma ;
    Des altérations cognitives : Incapacité à se rappeler un aspect important de l’événement traumatique, Croyances négatives persistantes et exagérées au sujet de soi, des autres ou du monde;
  • Des émotions négatives persistantes : peur, horreur, colère, culpabilité, honte, Diminution de l’intérêt pour les activités, Sentiment de détachement d’autrui, Restrictions des émotions positives
  • Une souffrance cliniquement observable ainsi qu’une altération du fonctionnement dans différentes sphères de la vie (personnelle, professionnelle, sociale…

3)     Les risques pour la santé et la qualité de vie des agents : 

  • Dépression et/ou suicide
  • Recours à des anxiolytiques : alcool, drogue, conduites à risques,
  • Mise en danger ayant pour fonction une décharge émotionnelle voire une anesthésie : recours à la violence contre soi et contre les autres
  • Impact sur l’entourage et repli sur soi
  • Altération générale de la santé et augmentation des risques de développer des maladies liées au stress (troubles digestifs, fatigue, somatisations, douleurs…)

 4)     Comment prévenir l’apparition de ce trauma vicariant ? :

  •  Maintenir un équilibre de vie (activités physiques, ressourçantes, de repos…)
  • Identifier les manifestations de stress , la mise à distance émotionnelle peut conduire à nier la réalité et donc participer à la non-reconnaissance de la souffrance et ainsi entraver sa prise en charge
  •  Mettre en place des stratégies de gestion émotionnelle : apprentissage de techniques de relaxation/respiration, organisation de la charge de travail en prenant en compte un temps de récupération après les interventions stressantes, création d’un espace de supervision et de parole pour amortir les effets toxiques de la violence, diversification des tâches afin d’éviter l’accumulation et la surexposition aux situations difficiles…